Certaines écoles primaires de Fongo-Tongo oubliées par l'Etat camerounais depuis 30 ans

[Djeufack Tawa Blaise]

CERTAINS ETABLISSEMENTS PRIMAIRES DE FONGO-TONGO AUX OUBLIETTES DE L’ETAT CAMEROUNAIS ? Pour un décryptage d’une situation perpétuellement grave.
Les résultats tristement célèbres obtenus aux examens du CEP et au concours d’entrée en sixième dans certaines écoles primaire de Fongo-Tongo ou le niveau absolument bas observé dans la quasi totalité des classes du primaire ne sont pas le fruit du hasard, mais la résultante des faibles moyens dont dispose l’Etat camerounais. En effet, l’expérience quotidienne a montré que l’Etat crée autant d’écoles primaires que possible, mais abandonne le reste des charges aux associations des parents d’élèves et la qualité des enseignements qu’on y dispense n’est plus son apanage. C’est peut être pourquoi dans plus de 60% des écoles primaire de Fongo-Tongo, à l’exception du directeur, il n y a plus aucun enseignant fonctionnaire.
Ce qui voudrait insinuer que la qualité des enseignements y est approximative à la norme et dans une certaine mesure médiocre. Or comme disait Victor Hugo, un enfant qu’on éduque est un homme qu’on gagne. Mais n’allons pas réprimander ces innocents enseignants puisque même la plus belle femme du monde ne donne que ce dont elle dispose et il est évident que de l’inconnu on ne peut rien dire. En réalité, beaucoup de ces enseignants sont peu expérimentés et n’ont subi aucune formation professionnelle. C’est ainsi que sur le plan pédagogique, ils sont parfois représentés comme des assassins gnoséologique bien formés. Or comme voudrait l’adage, on fait avec.
C’est dans cette perspective que les associations des parents d’élèves bien que déçues, accablées, frustrées, effrayées par l’inertie ou dirait-on la mort de l’Etat doivent fatalement maintenir ces maîtres de peur de laisser leurs enfants sombrer dans la délinquance et l’analphabétisme avérée.
En réalité, l’heure est grave et tout va de mal en pis puisque le ministère de l’éducation de base aurait abandonné certains de ses devoirs de régulateur des enseignements publiques aux APE. Ce qui n’est rien d’autre que le mérite de tuer la maladie en même temps que le malade. Car les frais d’APE sont non seulement trop élevés, mais demeurent également l’unique budget des établissements. C’est alors la seule possibilité aux parents d’élèves de maintenir l’existence de l’école et la suivie de leurs enfants. Mais malheureusement, cette possibilité apocalyptique de l’enseignement primaire ne semble pas être le bon sens, parce que l’Etat doit assumer la responsabilité d’éduquer la jeunesse, fer de lance de la nation et il n’y a aucune raison que cette tâche soit livrée aveuglement a l’opinion. Pourtant cela ne voudrait pas dire qu’il y a manque des enseignants, car il est évident que dans les zones urbaines, les enseignants sont parfois au nombre des deux dans chaque classe et ceci de la SIL au CM2 excepté le directeur. Or dans les zones rurales, le directeur y est l’unique fonctionnaire et dans les cas les plus parfaits, il y a un ou deux enseignants pour toute une école.
En l’occurrence, au Nord de Fongo-Tongo, l’école publique de Lembet depuis 1989 n’a reçu aucun enseignant à l’exception du directeur qui enseigne le CM1 et le CM2. Loin de là, l’EP de Tsiédong depuis sa création en 1999 a toujours eu un directeur et même pas un seul maître d’Etat. C’est pourquoi la courbe de l’éducation y décline inexorablement vers le degré zéro. Dans le même sillage, l’EP de Mélang est empêtrée par le même fléau parce que depuis belle lurette, ses élèves ne connaissent pas la voix d’un enseignant professionnel. Cette description tragique se poursuit à l’EP de Menach où la situation est identique, mais cette fois ci avec un directeur et un maître d’Etat. Et la liste reste exhaustive puisque les écoles publiques telles que Djeu, Loung, Lotsa et autres sont presque dans la situation identique.
Au regard d’une telle tragédie, il y a lieu d’affirmer que créer une école sans enseignants n’est rien d’autre qu’envoyer un soldat préalablement désarmé en guerre. Et que pouvons-nous attendre d’un tel soldat ? A mon sens, rien d’efficace et d’efficient. C’est sous cette alerte que nous interpellons le ministère de l’éducation de base à une gestion rationnelle et logique des enseignants. Il est possible de dire que de tous les enseignants qui ont été recruté en 2010-2011, Fongo-Tongo n’a pas reçu une dizaine. C’est peut être pourquoi pour combler ce vide, la marie de Fongo-Tongo a lancé l’initiative des maitres communaux. Quant aux inspections pédagogiques départementales et régionales, elles doivent s’assurer de l’effectivité et du respect des affectations. Les inspecteurs pédagogiques quant à eux doivent juger et sanctionner la qualité des enseignements qu’on dispense dans les écoles primaires publiques ou privées.
Il y a donc lieu, on ne saurait l’ignorer, de remercier la mairie de Fongo-Tongo et par ricochet Monsieur le maire de la commune de Fongo-Tongo pour cette initiative qui a consisté a recruter et affecter les maitres communaux dans les écoles publiques de Fongo-Tongo.
Blaise TAWA DJEUFACK, journaliste-Philosophe