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NDENTO, HISTOIRE REBONDISSANTE D'UN VILLAGE AUTONOME.

PROLOGUE

S'il y a lieu de parler de la riche histoire du Cameroun, comment ne pas dévoiler celle des peuples des grassfields ? Écorchant la genèse des Bamilékés, Dschang est une plaque tournante de ce récit. Et comment s'étendre sur Dschang sans raconter la fameuse palabre Fongo-Tongo, cette terre qui fut la plus hostile à la colonisation blanche dans cette partie du département, cette entité crainte jadis de tous les autres villages de la régions de par les pratiques ancestrales néfastes à toute occupation indésirée ? Rapporter les récits des vieillards Fongo-Tongo sans ouvrir la page de cette vieille et tenace dynastie, l'une des plus anciennes de la Menoua, NDENTO qui à nos jours est à sa quinzième génération ? Le tout serait incohérent voyons ! Voici ce pourquoi il nous est venu à l'esprit de mettre au vu et au su du monde entier l'histoire de Ndento, village mythique de Fongo-Tongo.

INTRODUCTION

La dynastie Fogo Ndento est l'une des plus anciennes de la Menoua. Le tout premier Roi des Ndento est né vers 1500 (16e siècle). Après des déplacements suite aux guerres fratricides d'une part et des voyages de chasse, de troc et de commerce (d'esclaves, de volailles) d'autre part, les Ndento migrèrent longtemps dans le pays des grassfields avant de se caser vers les années 1690 dans l'ex groupement Fongo-Tongo devenu aujourd'hui Arrondissement.
Vers 1800, les dignitaires Ndento recueillirent et abritèrent au nord de leur territoire un téméraire chasseur venu de Santchou avec son frère (princes héritiers d'un chef Mbô) et une bande de disciples. Le rusé chasseur deviendra le roi des Fongo-Tongo après avoir dominé dans un premier temps son frère qui migra vers l'actuel Bafou avec ses disciples, puis les trois anciens et vieux rois autonomes à qui il prendra seul les rennes du groupement. Non fiers d'avoir perdu leur autorité, les dignitaires Ndento accueillirent par la suite le contestataire d'un trône voisin (FOTO) qu'ils casèrent au sud de leur royaume. Suite aux rapprochements incessants de ces derniers, piochant leurs terres et créant tout le temps des discordes insupportables, la communauté Ndento se déplaça de "Fem" Ndento (actuel Zemda) pour la zone anglophone (NWAMETOH) suite à l'occupation abusive de leurs terres par les voisins du côté sud (actuel Fossong Tchuetchue) et leurs pressions totalitaires sur ses populations. Finalement, puisque les fongo-tongo ne pouvaient guère accepter de perdre un grand roi, les Ndento, après s'être de nouveau déplacés sur FOTOH (zone anglophone), revinrent dans le pays Bamiléké quelques décennies plus tard, et choisirent de s'installer juste à la sortie du groupement (l'actuel Ndento), en pleine forêt. La nature des lieux embrassa les espoirs des rois qui se succédèrent au trône FOGO. C'est ainsi que Ndento devint dans les années 1980 la référence particulière des fongo-tongo de par le modernisme, le sens d'éthique et de partage du plus puissant et plus intègre roi Donfack Bernard. Son fils Sa Majesté Le Professeur Léopold Donfack Sokeng, Agrégé des Facultés de Droit, Haut Comis de l'Etat du Cameroun, prit alors la continuité de la destinée de Ndento en 1992, et 26 ans de règne plus tard, il céda le trône à son frère cadet Sa Majesté NDEMASSOHA Marthely en août dernier. Les œuvres du royaume Ndento resplendissent toujours.
Cet arbre généalogique retrace les différents règnes de la dynastie royale Ndento:

SYNTHESE DE L’HISTORIQUE DE LA CHEFFERIE NDENTO

Chef Fogo 1er : Né au village Ndento-Tongang dans les bamboutos, dont il est le fondateur, son histoire est peu connue, on ignore ses origines.
Chef Fogo 2 : Fils du chef Fogo 1er, pratique du troc et commerce des esclaves.
Chef Fogo 3 : Héritier de Fogo 2, continue l’activité de son géniteur
Chef Fogo 4 & 5 : Histoires identiques à celles des précédents chefs.
Chef Fogo 6 : Il pratiquait le commerce des esclaves
Chef Fogo 7 : Il pratiquait le commerce des esclaves, très peu connu.
Chef Fogo 8 : Dénommé TSATOU, il pratiquait le commerce des esclaves et des colliers. Il aimait le pouvoir et la coutume. Toujours à la recherche des hoses nouvelles, il migra vers Dschang et après de longues nuits de marche, il s'installa à Fongo-Tongo à la suite de deux rois (Teunzah et Apang) et occupa toute la zoneNord-Est et Est jusqu'à la chute Folépé).
Chef Fogo Nommé MABONKEUKEU, il s’intéressait plus au pouvoir. Il pratiquait également le commerce des esclaves et des poules. Frère aîné de AGOUAPE légitime au trône mais encore trop jeune, il s'occupa de la transition royale jusqu'a l'âge adulte du Roi, puis lui confia fidèlement les rênes.
Chef Fogo 9 : Nommé NGOUAPE, il avait le sens de la famille, il avait beaucoup de femmes et d’enfants. Il pratiquait également le commerce des esclaves, colliers et habits coutumiers.
Chef Fogo 10 : Nommé NGOUDJOU, il pratiquait le commerce de l’argent (agent de change). Il était colérique, un peu paresseux et aimait les femmes. Il n’a pas régné longtemps.
Chef Fogo 11 : Nommé ATEUADJEU, frère de NGOUDJOU était très autoritaire, entêté et travailleur (agriculteur), avait un sens de la famille. Au moindre litige avec un des ses voisins, il n’hésitait pas à déménager avec ses collaborateurs. C’est ainsi qu’il partit de Fongo-Tongo pour Fondjoumeto et de Fondjoumeto pour Foto avant de revenir sur Fongo-Tongo où il s’installa en forêt. Il perdit alors la confiance de ses hommes qui se replièrent dans leurs anciennes concessions sous l’autorité d’un autre chef. Il eut beaucoup de femmes et d'enfants.
Chef Fogo 12 : Nommé DONFACK Bernard fils d’ATEUADJEU.
NOTA : Compte tenu de l’inexistence de documents écrits, on a peu d’informations sur les premiers chefs du village Ndento.
recueilli de la biographie du Chef Fogo 13, parue en 1992.
Chef Fogo 13 : Nommé DONFACK SOKENG Léopold fils de DONFACK, d'août 1992 à août 2018.

Chef Fogo 14 : Nommé NDEMASSOHA Marthely, frère de DONFACK SOKENG, depuis août 2018.

SUR LE PLAN AGRO-ÉCONOMIQUE

L'agriculture est l'activité première des populations du village Ndento depuis la nuit des temps. Le caféier a été pour longtemps la plante nourricière des générations en génération à Ndento comme partout à Fongo-Tongo, il s'agit là de l'arabica. comme culture vivrière, on y sème des pommes de terre, du macabo fade blanc et rouge, du macabo sucré (importé de Santchou), de la patate douce, du melon, de l'igname jaune, de la banane douce (quatre variété) et de la banane plantain (trois variétés), du maïs, du haricot (toutes les variétés), des arachides (rouge, blanc, du village par endroit), du légume vert, des choux, des épinards, de l'aubergine, du piment, de la tomate, des oignons, des carottes. les arbres fruitiers de Ndento sont l'avocatier, le colatier, le goyavier, le papayer, l'arbre du fruit d'Adam, l'arbre du fruit de la passion, la canne à sucre. La récolte est divisée en trois parties:
- Une grande partie est destinée à la vente dans les marchés périodiques autour du village comme Tricorner tous les mbouoloh, Alo tous les mbouokeu et sa'a Tengong tous les mbouotchou. des seaux de pomme de terre et de patate douce y compris des régimes de banane plantain sont exposés à king market (place du village) tous les jours.
- une deuxième partie de la récolte sert de nourriture aux familles qui ajoutent à leurs récoltes du riz, du fonio, et des pattes alimentaires à leurs habitudes alimentaires pour varier le kwa zep quotidien, le couscous de maïs, le pilé de pomme et de macabo, le taro sauce noire ou jaune, la banane malaxée, le kondreh, le bouillon de pomme et de macabo, ...
- une fine partie des récoltes sert enfin comme semences pour les futures campagnes agricoles.
L'activité économique à Ndento tourne aussi autour de l'artisanat (paille, nattes de moelle de raphia, chaise en bambous de raphia, plafond en bambous de raphia, tenue de danse traditionnelle en feuilles et fruit de raphia), de la chasse et vente du gibier, des écorces et fruits de forêt, de la vigne du vin de raphia, de la coupe d'arbre (écalyptus en général) sous forme de planches, de lattes, de bastaings et de chevrons, de perches aussi. Au carrefour king place, on assiste de nos jours à la naissance des beigneteriat, des étalages de vente de pain, des biscuits et même d'essence.
La culture intensive de tomate, de poivrons, de piment, de poireaux, de carotte et de maïs par des jeunes du village est destinée entièrement à la vente dans des marchés plus juteux (Dschang, Douala, Yaoundé).
L'élevage à Ndento concerne les porcs, les poules, les chèvres, les cochon d'indes. La chair du porc certes très prisée pour les cérémonies traditionnelles se fait de plus en plus rare à Ndento car tout l'élevage est destiné au commerce.

SUR LE PLAN SOCIO-EDUCATIF

Le village NDENTO dont l'école publique dite de LETHIAPANG a fait la célébrité de certains cadres de ce pays est aujourd'hui doté en plus d'un C.E.S. Bilingue où les enseignements sont effectifs depuis l'année scolaire 2010/2011. Certes les nouveaux bâtiments sont encore à l'étape des fondations, le village Ndento en commençant par son souverain se mobilise depuis juillet 2010 pour ce projet grandissime (construction d'un bâtiment de deux salles de classes au CES BILINGUE de Ndento), en attendant les âmes de bonne volonté dans toute la ville de Fongo-Tongo et ses environs.
Le village Ndento est l'un des rares à Fongo-Tongo à posséder en son sein une école primaire publique à cycle complet depuis plus de trente ans (l’École publique de Léthiapang). En 2010 Ndento bénéficia d'une CES Bilingue octroyé par le gouvernement camerounais avec à la même année l'autorisation d'ouvrir ses classes de 6ème francophone et anglophone, ce qui fut fait. autre années scolaires plus tard, en 2014 le CES Bilingue de Ndento célébrera ses premiers brevetés. Outre ce CES Bilingue qui fait la fierté du village et de ses environs (anglophone comme francophone), le village Ndento compte plus de 300 certifiés, plus de 150 brevetés, plus de 100 bacheliers, plus de 50 licenciés, une vingtaine d'ingénieurs et de docteurs, une dizaine de MBA, déjà un agrégé qui est l'exemple même à suivre car plus récent Roi des Ndento.
Outre les écoles au sein du village Ndento, il est à noter que le seul collège privé qui aura tenu long et fort à Fongo-Tongo est l'oeuvre d'un membre de la famille royale Ndento feu Nguepi Martin. l'oeuvre continue son chemin sous le contrôle des fils Nguepi et leurs mamans.
La paroisse de Ndento a ouvert ses portes cette année 2013 et les messes se célèbrent chaque dimanche matin sans répit.

SUR LE PLAN SPORTIF

Le village Ndento est auréolé d'un complexe sportif, qui voit tous les dimanches soirs s'entraîner les équipes de handball fille et jeunes mamans respectivement championnes de Fongo-Tongo selon leur catégories. L'équipe des jeunes mamans de Ndento est d'ailleurs vainqueur du tournoi dames de Fongo-Tongo des trois dernières années. Quant à l'équipe de handball dames de la paroisse de Ndento elle a remporté le tout premier tournoi marial le 15 août dernier à l'Esplanade de la Chefferie Supérieure de Fongo-Tongo. L'équipe de football des jeunes de Ndento qui évolue avec une jeune fille en son sein est vice championne de Fongo-Tongo 2013 après avoir remporté le tournoi en 2011. En plus de ces deux disciplines phares des populations de Ndento, le cross country et la marche sportive qu'accompagne le cyclisme frappent à la porte et feront bientôt la fierté des participant(e)s. Notons que le sport roi dans ce village reste le labourage de la terre. (rires).

SUR LE PLAN TOURISTIQUE

Perché depuis la fin du XIXe siècle sur les grandes hauteurs au sud-ouest de Fongo-Tongo dominant ainsi à l'est la province de l'Ouest et à l'ouest celle du South-West, Ndento est verdoyant et chatoyant superficiellement. Mais lorsque vous pénétrez le cœur même du village aux forêts encore vierges, le climat change comme si fuyant la chaleur crue du Nord Cameroun vous vous réfugiez dans l’hiver de Paris. "Dieu y vit en permanence" vous diraient les ndentois (habitants de Ndento). La brume y est née et y trouve encore de nos jours son territoire de plaisance, à tel enseigne que des fois à 5 mètres la visibilité est nulle. Les chutes naturelles qui découpent les rivières de Ndento sont des lieux de tourisme par excellence, et celle de "ndieuhlah" est habitée d'une "mamiwater" (la sirène en langue de molière), Déesse de NDENTO. Ndento est le perchoir: du sommet de la montagne wohô on observe à une profondeur vertigineuse les villes de Dschang (Région de l'Ouest) et d'Alo South-West Region), et de la chaîne montagneuse de Mbingoung la ville de Fontem est comme dans un large puits. En des journées claires, vous observerez la cross river de Mamfé ainsi que la dorsale du fameux Mont Cameroun au Sud Ouest.

EPILOGUE

Hier Ndento était dans le noir, aujourd'hui, l'électrification de ce grand village a commencé et sans doute demain ce sera l'adduction d'eau et l'Internet! Remettons tout à Dieu et croisons les doigts, mais en bossant dur pour se faire.

Merci et à très bientôt.

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Commentaire de NGOUNE F Hilaire le 28 mars 2022 à 13:59

Nos villages ont besoin de vie : racontons leur histoire et ils vivront éternellement.

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